
Arrivée en novembre 2024, Estelle a rejoint l’équipe Entrepreneuriat de France Active Alsace. Elle met aujourd’hui son expertise au service des entrepreneurs les plus fragiles. Son rôle ? Les aider à franchir une étape décisive : obtenir un financement bancaire grâce au dispositif de garantie. Dans cette interview, Estelle nous parle de son parcours, de son quotidien aux côtés des porteurs de projet, et de ce qui l’anime aussi en dehors du bureau.
Estelle, peux tu nous raconter ton parcours avant d’arriver chez France Active Alsace ?
J’ai obtenu un master en relations internationales à Sciences Po Lille puis j’ai travaillé en Côte d’Ivoire sur des projets agricoles, d’élevage et de petits commerces. De retour en France, j’ai accompagné la mise en place de projets de recherche internationaux financés par l’UE via Erasmus+, principalement dans leur volet financier et budgétaire.
J’ai ensuite intégré la BGE, où j’ai accompagné des créateurs d’entreprise, de l’idée au développement post-création.
Toutes ces expériences m’aident aujourd’hui dans mon poste de chargée d’expertise au sein du pôle Entrepreneuriat de France Active Alsace.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre France Active Alsace ?
Le poste en lui-même m’attirait : à la fois l’accompagnement de porteurs de projet et l’analyse financière, deux dimensions qui me plaisent. Au-delà, c’est aussi l’esprit de France Active Alsace : une structure engagée, innovante, à taille humaine, avec une vraie dynamique collective. L’entretien avec Sonia m’a beaucoup marquée, j’ai tout de suite senti une belle ambiance d’équipe.
Tu travailles dans l’équipe Entrepreneuriat : concrètement, en quoi consiste ton rôle au quotidien ?
J’interviens principalement sur la garantie bancaire dans les projets de création ou reprise d’entreprise.
Je rencontre les porteurs de projet, j’analyse avec eux leurs besoins, j’identifie les points à sécuriser puis je rédige une note d’analyse que je présente en comité de décisions. Mon rôle, c’est de représenter l’entrepreneur et de répondre aux questions des membres du comité. Si la garantie est accordée, je la mets ensuite en place.
Quels sont les défis spécifiques auxquels font face les entrepreneurs que tu accompagnes ?
L’un des principaux freins reste l’apport personnel, parfois jugé insuffisant par les banques. C’est là que notre garantie prend tout son sens : elle permet de réduire le risque et de débloquer un prêt. J’ai en tête le cas d’un couple reprenant un restaurant : leur apport était faible, mais l’expérience du cuisinier et les excellents bilans de l’entreprise ont fini par convaincre le comité.
Les difficultés viennent aussi du contexte économique : taux d’intérêt élevés, aides publiques en évolution… Sans oublier les parcours de vie atypiques qui nécessitent un accompagnement adapté !
Peux-tu partager une situation ou un accompagnement qui t’a particulièrement marquée depuis ton arrivée ?
Je pense à Charlotte Etterlen, l’un des premiers projets que j’ai accompagnés. Mère célibataire, elle s’est lancée dans l’ouverture d’un bar dans la vallée de Saint-Amarin. Son projet a suscité beaucoup de débats en comité, certains voyant sa situation personnelle comme un frein. Mais nous avons pu mettre en avant la solidité de son projet et son engagement territorial.
Aujourd’hui, son établissement est ouvert et je vais bientôt réaliser son interview ! C’est un accompagnement qui m’a marquée à la fois professionnellement et personnellement.
Qu’est-ce qui te motive le plus dans ce métier ?
La diversité ! Aucun jour ne se ressemble. Nous accompagnons des projets très différents : un institut de beauté, une biotech, un restaurant, une société de transport… J’apprends sans cesse de nouvelles choses, que ce soit sur un secteur d’activité, des aspects juridiques ou financiers.
Cette curiosité permanente me donne une forme de connaissance transversale qui peut même être utile dans ma vie de tous les jours : on porte un autre regard sur les métiers, les secteurs, les gens qu’on croise.
Et puis j’aime les échanges collectifs en comité de décision, le croisement des regards qui enrichit l’analyse des projets.
Comment vois-tu l’évolution de ton rôle et de l’accompagnement des entrepreneurs dans les années à venir ?
Le contexte est exigeant, avec des taux d’intérêt en hausse et parfois des critères bancaires plus stricts. Cela signifie que notre rôle sera encore plus déterminant pour aider des entrepreneurs à franchir le pas, y compris sur des projets de petite taille ou portés par des personnes en situation plus fragile.
J’espère aussi que nous pourrons continuer à innover et à élargir nos champs d’action, notamment dans des secteurs comme l’agriculture, qui me tiennent particulièrement à cœur.
Après le travail, qu’est ce qui te passionne ou te permet de te ressourcer ?
Je me ressource dans la nature, en montagne, en pratiquant la marche ou l’escalade. J’ai aussi un attachement fort au monde agricole : j’ai travaillé dans un magasin de producteurs et dans le vignoble, et je continue à donner des coups de main à des amis éleveurs. Cet été encore, j’ai passé une partie de mes vacances dans les alpages à guider des vaches ! C’est un univers qui me nourrit, et qui explique aussi mon envie de voir France Active soutenir davantage de projets agricoles.