Aujourd’hui, nous rencontrons Jean-François, mandataire et vice-président du comité des engagements. Il nous raconte son parcours, partage sa vision du monde associatif et explique ce que son engagement lui apporte au quotidien. Un témoignage sincère et inspirant qui met en lumière la richesse du bénévolat et l’importance de soutenir celles et ceux qui œuvrent pour une économie plus inclusive et solidaire !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Jean-François Jacquemin, j’ai 68 ans, je suis retraité et l’heureux grand-père de sept petits-enfants. J’ai passé plus de la moitié de ma carrière dans la banque et la finance : d’abord dans des banques de réseau, puis pendant seize ans dans une société financière spécialisée dans les prises de participation et les financements à long terme. C’est un métier que j’ai exercé avec beaucoup de plaisir – et même de passion.
Après un passage au Luxembourg, je suis revenu en Alsace en 2008 pour prendre la direction du Développement Economique au Conseil régional. Avec une équipe d’une quarantaine de personnes, nous accompagnions les entreprises régionales dans leurs projets de création, d’investissement, d’embauche ou de transition écologique. La période 2008–2012 a aussi été marquée par la crise des « subprimes », qui a fragilisé beaucoup d’entreprises. Notre rôle était de d’accompagner les entreprises touchées par la crise dans les restructurations nécessaires. C’était un travail passionnant, mais difficile, faute de solutions évidentes.
Enfin, j’ai terminé ma carrière comme directeur général de l’Agence régionale d’innovation, une structure liée à la Chambre de commerce et au Conseil régional. La mission était d’accompagner les entreprises dans leurs projets d’innovation, en allant chercher des solutions technologiques auprès de laboratoires publics ou privés, et au besoin, des financements nationaux ou européens. Travailler au quotidien avec des scientifiques a été une expérience à la fois fascinante, dépaysante et extrêmement enrichissante.
Et aujourd’hui comment occupez-vous vos journées de retraités ?
Je suis à la retraite, mais j’ai beaucoup de mal à lever le pied ! Je suis engagé dans plusieurs structures locales, et j’y trouve énormément de plaisir.
Je suis administrateur de la Maison de l’emploi, qui accompagne notamment des jeunes des quartiers dans leur recherche de travail. Je préside également Kaleidoscoop, un tiers-lieu au bord du Rhin, animé par une petite équipe très investie. Je suis aussi président de “Les Sources”, un foyer d’accueil pour personnes en situation de handicap dans le Haut Rhin. Et enfin, je suis mandataire du comité des Engagements de France Active Alsace au pôle Entrepreneuriat social, ainsi que mandataire France Active Investissement.
Comment avez-vous découvert France Active Alsace et qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager ?
En arrivant au Conseil régional, j’ai trouvé l’économie sociale et solidaire parmi les missions à développer. Je n’y connaissais rien, mais j’ai vite trouvé ce milieu passionnant, au point que tous mes engagements actuels y sont liés.
Parmi les structures que nous accompagnions figurait Alsace Active (Actuellement France Active Alsace). J’aimais l’idée d’aider des projets plus fragiles, ceux que les banques ne regardent pas, et de voir un impact direct : des personnes qui reprennent leur destin en main et construisent leur projet par elles-mêmes, ou qui portent un projet sociétal.
Plus tard, Florence REMY m’a proposé d’accompagner le Comité Entrepreneuriat Social. Depuis deux ou trois ans, je découvre une équipe formidable, des projets variés et utiles, et je prends vraiment plaisir à étudier les dossiers. Tout cela fait profondément sens pour moi.
Qu’est-ce qui vous anime dans votre rôle de bénévole au sein de France Active Alsace ?
Je trouve que France Active Alsace, notamment sur la partie économie sociale où j’interviens avec André FLEITH, permet d’aborder des projets d’une manière très différente de celle que j’avais en banque. Sur les derniers dossiers vus en comité, j’en aurais peut-être accepté un seul dans mon ancien métier, alors qu’ici nous pouvons presque tous les soutenir sans pour autant constater plus d’échecs. Cela a du sens : l’analyse se concentre davantage sur le cœur du projet et l’humain que sur les ratios financiers.
La diversité des projets est également passionnante : une fois c’est une crèche solidaire, une autre fois une maison qui développe le chant choral en Alsace ou l’accompagnement de personnes en difficultés. Chaque dossier est unique et apporte quelque chose de nouveau.
C’est une belle mission, et c’est une belle équipe : des gens qui en veulent, et qui ont trouvé un sens à leur engagement professionnel
Y a-t-il une rencontre, une mission ou un projet qui vous a particulièrement marqué depuis votre arrivée ?
Franchement, à chaque fois je suis impressionné par la créativité et l’engagement des porteurs de projets. Les dossiers reflètent vraiment leur passion, avec certaines forces et certaines faiblesses : leurs forces, c’est que les porteurs réalisent leur passion et y mettent toute leur énergie pour aller au bout de leurs idées ; leurs faiblesses, parfois, c’est l’aveuglement, foncer sans toujours voir les difficultés.
Selon vous, qu’est-ce qui rend l’engagement bénévole si précieux — pour vous, mais aussi pour la société ?
Je pense que le bénévolat est précieux, surtout dans des secteurs fragiles ou qui demandent beaucoup de temps.
Avec l’âge, on accumule de l’expérience et un peu de distance par rapport aux sujets. Cela permet de donner un avis libre, sans se préoccuper de ce qui va fâcher. C’est enrichissant et cela donne du sens au temps que l’on a, surtout lorsqu’on est retraité. Je ne m’imagine pas passer mes journées à randonner ou à regarder la télé : partager son temps pour aider les autres est bien plus gratifiant pour moi. S’engager, donner de son temps et de son expérience, c’est se sentir utile et donner du relief à sa propre vie.
En ce qui concerne la société, je pense qu’elle a besoin d’altruisme. Si tout était vénal et calculé, il manquerait quelque chose d’essentiel. Les bénévoles apportent cet altruisme en donnant de leur temps et de leur énergie, et y trouvent eux-mêmes un vrai sens à leur engagement.
En quoi cette expérience enrichit-elle votre parcours personnel ou professionnel ?
A côté de mon engagement professionnel, j’ai enseigné la finance pendant plus de vingt ans, et aujourd’hui je mets en pratique ces connaissances de manière totalement désintéressée. C’est l’occasion de partager ce que j’ai appris pour accompagner des projets, soutenir des personnes et mettre mes compétences au service d’initiatives qui comptent.
Comment imaginez-vous votre engagement dans les années à venir ?
Je me sens bien dans mes engagements actuels, même si ça prend du temps. Il faut savoir donner ce qu’on peut tant que cela a une réelle utilité, et savoir se retirer avant de devenir un poids. Pour l’instant, je continue tant que je peux apporter une vraie contribution. Le jour où ce ne sera plus le cas, il faudra passer la main pour que d’autres prennent le relais !
